Le débriefing : un outil idéal pour repartir après une crise

Nous accumulons depuis plus de douze mois des expériences hors du commun. Devoir affronter ces situations inattendues et répétitives sollicite durement nos capacités de résistance et de résilience, déjà fortement mobilisées par tous les aspects VICA (volatile,
incertain, complexe et ambigüe) de notre monde actuel.

Il est temps ! Temps de prendre soin des équipes et de leurs membres : préserver leur cohésion, leur mental et leur moral. Comment ? Au travers du débriefing. Il s’agit d’une démarche préventive et bienveillante où l’humain est mis au centre de son organisation.
Ce mot, provient du jargon militaire américain. Le général Marshall a élaboré ce processus au travers d’une description précise et détaillée de la situation vécue par des soldats au combat. Depuis les années 70, les forces de police, les services du feu, les organisations
humanitaires et les services médicaux introduisent la pratique régulière du débriefing.

En 1983, le psychologue Jeffrey Mitchell formule les procédures à suivre lors d’un travail en groupe à la suite d’événements traumatiques. Il le nomme « débriefing ». Différentes écoles et autres spécialistes ont développé leur propre procédure qui reposent toutes sur les mêmes préceptes : aider celle et celui qui a vécu une situation de traumatisme. Mitchell a l’idée de faire intervenir les collègues de travail dans le débriefing. Il s’agit de repérer les réactions des participants et proposer des techniques de gestion du stress.
Adapté à nos organisations professionnelles actuelles, ce processus permet aux membres d’une équipe de partager leur expérience, d’exprimer les difficultés ou les inquiétudes rencontrées et d’égaliser le niveau d’information relatif à l’incident ou la situation critique
vécue. Le but est de réduire la probabilité d’apparition de perturbations psychologiques, de stimuler le soutien mutuel et d’accélérer le retour à un climat serein et à une dynamique orientée vers l’avenir. C’est un processus qui se déroule en plusieurs étapes, il est facilité
par un débriefeur externe à l’équipe et formé à cet effet. Sa neutralité garantit le respect des règles, le non-jugement et l’absence d’impact émotionnel.

En introduction, le débriefeur pose clairement le cadre, les objectifs et les règles du jeu afin que les membres du groupe se sentent en confiance et en sécurité. La libre expression et les échanges, composantes essentielles, en sont facilités. Chacune des phases de la
situation peut alors être décomposée afin d’en rationaliser sa compréhension. Chaque membre de l’équipe décrit les faits concrets par des mots pour reconstruire une représentation réaliste et collégiale des événements.

La place est ensuite donnée aux émotions et aux sentiments vécus pendant cette situation afin que chacun conscientise ce qui s’est passé chez l’autre et comprenne les différentes réactions. Chaque membre de l’équipe comprend alors la raison pour laquelle il a vécu la
situation en question ainsi et en reconnait la légitimité. Les participants sont alors en mesure de tirer les enseignements de leur expérience, d’en dessiner leurs actions d’évolution pour l’avenir et d’identifier les ressources facilitant un retour à l’autonomie et
à la sérénité dans leur activité. Selon l’importance ou la gravité de la situation vécue et à ce stade, il peut être profitable pour le groupe que ses membres réalisent un acte symbolique ; mettre un point final à l’événement, le laisser se transformer en souvenir et
tourner concrètement la page aide à se libérer de son poids.

Enfin et après s’être assuré que tout a pu être dit et traité, les membres de l’équipe mesurent ce qui a été réalisé pour en ressortir grandis et renforcés. Mobiliser leurs ressources internes, se tourner vers l’avenir dans la sérénité et la cohésion revient en leur plein pouvoir pour mieux servir leur organisation ainsi que tous leurs partenaires. Toute action humaine trouve son origine dans l’émotion. Donnons-lui sa juste place dans nos organisations professionnelles.