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La maladie qui fait plus mal aux équipes qu’aux malades

« Quand un petit bobo devient une grande épidémie collective… mais pas de panique, il existe des vaccins. »

Jean, héros national de l’éternuement stratégique

Jean a un problème grave : il a éternué ce matin. Il est donc resté chez lui, par précaution. Après tout, mieux vaut éviter de contaminer l’équipe… avec sa mauvaise humeur ou son désengagement. La semaine dernière, c’était Julie qui avait « besoin de recharger ses batteries ». Résultat ? L’équipe a dû jongler avec les tâches journalières. Pendant ce temps, Claire, le roc indestructible de l’entreprise, travaille tellement qu’elle commence à se demander si c’est son prénom qui est inscrit quelque part dans le contrat de location des locaux.

Mais arrêtons-nous un instant. Est-ce vraiment un rhume ? Ou bien le boboïsme est-il en réalité un cri du cœur déguisé ? Qui est coupable : Jean et Julie ? Ce phénomène, c’est un miroir grossissant des tensions et failles d’un collectif. Alors, que faisons-nous ? Crions nous « courage, fuyons » comme Jean ou agissons nous pour recoller les morceaux ?

Le boboïsme, cette épidémie moderne des équipes

Le boboïsme, ce n’est pas seulement le petit rhume de Jean ou la fatigue passagère de Julie. C’est une maladie sociale contagieuse, où l’absence d’un membre de l’équipe agit comme une petite boule de neige qui finit en avalanche organisationnelle.

Diagnostic comique :

Symptômes visibles : arrêts stratégiques le lundi matin, le mercredi, le vendredi, avec des excuses aussi variées qu’absurdes (« Je ne viens pas, ma plante verte a besoin de moi »).

Effets secondaires : colère des collègues, surcharge de travail, et montée d’une petite voix dans la tête des autres : « Et si, moi aussi, je prenais un congé ‘éthique’ ? »

Une épidémie bien réelle :

• Quand l’absence devient un mode d’expression, c’est que quelque chose ne tourne pas rond. Un bobo, c’est souvent un SOS.

• Pire encore, ça se propage comme un virus : les collègues surchargés finissent par craquer à leur tour. Et là, c’est l’hécatombe.

La stratégie de survie : rire un peu, agir beaucoup

Alors, que faire ? Instaurer des tests PCR pour détecter les « bobos réels » des « bobos imaginaires » ? Demander un certificat médical dès le premier jour ? Mettre un panneau à l’entrée du bureau : « Si votre bobo tient sur un post-it, il ne mérite pas un jour d’arrêt » ?

Pas si vite. Derrière chaque bobo se cache une opportunité de rendre votre équipe plus forte (oui, vraiment).

Les petits bobos parlent fort : écoutons-les. 

Un bobo, c’est rarement qu’une question de santé. C’est souvent un « stop » non-dit :

• Trop de pression.

• Pas assez de reconnaissance.

• Manque de communication.

• Une dynamique d’équipe qui ne donne plus envie de se lever le matin.

• D’autres raisons…

Action : organisez des moments de feedback réguliers où chacun peut partager ses frustrations… avant qu’elles ne deviennent des rhumes émotionnels.

Impact positif : quand les collaborateurs se sentent écoutés, ils trouvent des solutions au lieu de trouver des excuses.

Redistribuer les tâches : Claire n’est pas Hulk. 

Claire, la collègue qui « tient tout », finit par craquer si elle doit toujours absorber les absences des autres. Et ce n’est pas son café triple dose qui va la sauver.

Action : revoyez la répartition des tâches. Apprenez à dire « non » aux missions inutiles et « oui » à des solutions collectives.

Impact positif : les équipes équilibrées fatiguent moins et râlent encore moins. Vous évitez la contagion du ras-le-bol.

Transformer les absences en moments de cohésion. 

Julie est absente ? Pourquoi ne pas en profiter pour valoriser ceux qui sont là. Non, pas avec un « Merci à ceux qui TRAVAILLENT vraiment » passif-agressif. Mais avec une vraie reconnaissance.

Action : mettez en avant les efforts de l’équipe restante, même avec une touche d’humour : « Merci à tous, sans vous, ce bureau ressemblerait à une station fantôme ! »

Impact positif : quand l’équipe se sent valorisée, les tensions diminuent. Et curieusement, les absents ont un peu moins envie de prolonger leur congé.

L’ordonnance miracle pour soigner le boboïsme collectif

Il n’y a pas de vaccin anti-boboïsme, mais il existe des traitements préventifs. Et bonne nouvelle : ils fonctionnent à tous les coups.

1. Instaurer un climat d’humour et de bienveillance. Si les gens craignent de dire qu’ils sont fatigués, ils utiliseront des excuses absurdes. Créez une culture où l’on peut parler franchement… et rire ensemble des petits aléas.

Action : organisez une journée « concours des excuses les plus créatives » pour dédramatiser.

Impact positif : vous ouvrez un dialogue authentique où chacun se sent compris.

2. Encouragez les moments de ressourcement collectif. Pas besoin d’un séminaire au sommet de l’Himalaya. Parfois, une pause-café un peu plus longue ou un déjeuner collectif suffit à détendre l’atmosphère.

Action : planifiez des moments de reconnexion pour l’équipe. Un quiz, un déjeuner, ou même un simple « moment fun ».

Impact positif : une équipe qui partage de bons moments est moins tentée de fuir pour un petit bobo.

3. Célébrez les réussites, même petites. Rien ne démotive plus que l’impression de travailler dans l’ombre. Valorisez chaque victoire, qu’elle soit grande ou petite.

Action : mettez en place un rituel de « la petite réussite de la semaine ». Exemple : « Bravo à Julie qui a préparé la salle pour notre réunion ! »

Impact positif : une équipe motivée et fière d’elle-même trouve moins d’excuses pour s’éclipser.

Le bobo, un petit mal pour un grand bien ?

Le boboïsme, c’est avant tout une chance : celle de regarder en face ce qui ne fonctionne pas dans une équipe et de transformer un problème en opportunité. Avec un peu d’humour, beaucoup d’écoute, et une bonne dose d’action collective, vous pouvez non seulement soigner les bobos, mais surtout renforcer les liens.

Oui, être malade cela arrive à tout le monde. Oui parfois rester un jour à la maison pour se soigner c’est éviter de tomber encore plus gravement malade. Oui les absences maladies existent. Ce qui péjore les équipes ce sont les pseudo-maladies, les bobos qui deviennent des prétextes. Chacun d’entre nous détient sa réponse liée à son degré de solidarité responsable.

Alors, la prochaine fois que Jean éternue, rappelez-vous : un bobo, ça ne se guérit pas avec un pansement. Mais avec un collectif qui fait envie. Et ça, c’est beaucoup plus puissant qu’un jour d’arrêt de travail.